Une création d’entreprise n’est pas une chose facile.
Cela demande de la préparation, de l’anticipation, ainsi qu’un engagement personnel complet.
Vous devrez prendre des décisions importantes qui vous engageront, vous, votre commerce, vos employés, vos fournisseurs…
Pour préparer au mieux cette création et partir sur de bonnes bases, il convient de procéder par étape, méthodiquement.
Mais quelles sont les différentes étapes de la création d’une entreprise et quel chemin doit-on parcourir pour ouvrir son propre commerce ?
Nous allons développer dans cet article les 10 étapes par lesquelles vous devrez passer pour vous mettre à votre compte.
Trouver votre idée
Il existe un nombre infini d’idées de création d’entreprise, et bonne nouvelle: il n’est pas obligatoire de trouver l’idée du siècle, d’être original. On peut réussir en ouvrant une boulangerie, une boucherie, un magasin de jouet ou encore un restaurant sans avoir besoin de réinventer la roue!
Que vous soyez sur un projet d’activité innovante où vous créerez un marché ou sur un projet d’activité déjà existante où vous modifierez le marché, votre idée de base doit être mûrement réfléchie.
Souhaitez vous être seul dans ce projet ou trouver un ou plusieurs associés ?
Ce projet a-t-il besoin d’un fort investissement en capital ?
Vous devrez aussi réfléchir à votre situation professionnelle, familiale et patrimoniale avant de monter votre projet.
Êtes-vous déjà salarié et pouvez vous cumuler deux activités ?
Un changement de revenu aura-t-il des conséquences sur votre mode de vie ?
Votre nouvelle activité aura-t-elle des conséquences sur votre vie familiale ?
Pour étoffer votre réflexion, vous devrez étudier le marché que vous allez créer ou que vous allez modifier, et établir un business plan.
L’étude de marché
L’étude de marché permet au porteur de projet de vérifier si son projet correspond aux attentes de la clientèle ciblée.
C’est le principe de l’offre et de la demande.
Ce que le commerce a à offrir doit être en phase avec ce que la clientèle demande.
En étudiant le marché national, local, la concurrence… cette étude permettra donc de voir si le projet en question est viable ou pas.
L’étude de marché doit récupérer toutes les informations nécessaires à la mise en place du projet souhaité.
Elle doit aussi, en plus de l’offre et de la demande, prendre en compte la réglementation.
En ce qui concerne l’offre, l’étude doit prendre en compte le marché déjà existant, la concurrence.
La demande, elle, doit intégrer les caractéristiques de la clientèle, ses besoins, ses habitudes de consommation, sa position sur le marché…
Pour la réglementation, il faudra prendre en considération la législation en vigueur dans ce type d’activité, les taxes, la fiscalité…
Concernant l’étude de marché, les grandes tendances sont
– L’étude quantitative
– L’étude qualitative
La première se base sur une étude générale du secteur, avec les chiffres d’affaires, les statistiques du marché…
Cette approche est globale et donne les premières informations générales sur le business choisi.
On peut, par exemple, étudier le marché national pour un secteur d’activité donné.
Elle va de paire avec l’étude de marché qualitative, qui entrera ensuite dans les détails de ce marché.
Si on prend le cas d’une étude nationale pour l’étude globale, on parlera d’étude de marché locale pour la partie qualitative.
Cette deuxième étude sera plus ciblée, on réduira ainsi le nombre de concurrents, de clients, mais on augmentera proportionnellement le nombre d’informations sur les portions choisies.
Dans cette étude, vous analyserez le comportement de la clientèle, des consommateurs, leur fréquence, leurs habitudes.
Vous étudierez aussi la concurrence directe, et comment être plus en phase avec les consommateurs que la concurrence.
Ces deux études sont complémentaires, car d’une part vous étudierez la plus grande proportion du marché et les tendances générales, d’autre part, vous étudierez les habitudes de consommations et les attentes de la clientèle.
Mais pour créer une étude de marché complète, vous aurez besoin de définir une chose essentielle.
La zone de chalandise
L’implantation physique de votre commerce aura beaucoup de conséquences sur votre étude de marché.
Vous devez connaître absolument tout ce qui est en relation avec votre activité sur le bassin géographique de votre implantation.
Une fois que vous aurez choisi l’emplacement de vos locaux commerciaux, vous devrez définir une zone de chalandise, c’est à dire la zone géographique d’activité de votre commerce.
C’est la zone d’où viendra la majorité de vos clients.
Cette zone vous permettra de faire votre étude de marché au niveau local.
Cette zone de chalandise se divisera en trois parties :
– La zone primaire : c’est la zone la plus proche de votre commerce, qui se situe à un maximum de 10 minutes à pied ou de 2 minutes en voiture.
– La zone secondaire : c’est une zone plus éloignée et plus large, elle correspond à un maximum de
20 minutes à pied et 4 minutes en voiture.
– La zone tertiaire : c’est la zone la plus éloignée de votre commerce pour votre clientèle, à un maximum de 30 minutes à pied et de 6 minutes en voiture.
L’étude de la zone de chalandise
La définition de la zone de chalandise est un point clé de la création de votre commerce, mais vous devrez aussi analyser cette zone et en tirer un maximum d’informations.
L’étude par analogie
Cette étude consistera à choisir un commerce analogue à celui que vous projetez de créer.
Ce commerce doit avoir une implantation semblable, dans une zone de chalandise semblable et, bien évidemment, avoir une taille équivalente à votre entreprise.
Vous pourrez ainsi en tirer beaucoup d’informations, comme
– le nombre et le type de clients
– les prix pratiqués
– les comportements d’achats
– les implantations
– la stratégie de communication de l’enseigne
– sa politique commerciale…
Vous apprendrez tout cela en allant sur le terrain.
Il vous faudra observer, analyser et relever un maximum d’ informations.
Posez vous les bonnes questions :
– Y a-t-il beaucoup de trafic ?
– Quels axes desservent le magasin ?
– Le commerce est-il facilement accessible par les transports en commun (bus, métro, train…) ?
– Quels sont les horaires d’affluence ?
– Quel est le type de la clientèle (familial, individuel, professionnel…) ?
– Y a-t-il un parking ?
– Y a-t-il des bureaux à proximité, des écoles, un quartier résidentiel… ?
Regroupez tous les détails susceptibles de vous donner des informations pertinentes sur l’affluence de la clientèle présente dans l’enseigne que vous visitez.
L’étude par concurrence
Vous devrez établir une liste de toutes les entreprises concurrentes dans votre zone de chalandise.
Vous pouvez également les sous-catégoriser selon vos 3 zones de de chalandise (primaire, secondaire ou tertiaire).
Pour chacune de ces entreprises, vous noterez leur emplacement, leur taille ou surface de vente, leur chiffre d’affaire…
L’étude statistique
Il s’agit d’une étude démographique :
Cela consistera à analyser la population présente dans votre zone et d’en tirer des statistiques pertinentes :
– le nombre d’habitants
– l’age moyen de la population
– le nombre de personnes par ménage
– le niveau de vie
– le pouvoir d’achat…
Les statistiques de l’INSEE sont une excellente source pour ce genre d’étude.
La zone de chalandise et son étude sont indispensables pour votre étude de marché afin d’ avoir une bonne connaissance de la situation de votre future activité dans votre lieu d’implantation.
Le sérieux de cette étude conditionnera la suite des opérations.
Prenez note que si cette étude vous paraît trop complexe à réaliser vous même, vous pouvez toujours vous offrir les services de professionnels.
Il faudra cependant rester méfiant et savoir exactement ce que vous souhaitez étudier, car une étude de marché peut coûter entre 5000 et 8000€.
Le business plan
Si vous décidez de passer par une banque ou d’autres partenaires pour financer votre projet, vous devrez établir un business plan.
Dans tous les cas, même si vous financez vous même votre projet nous vous conseillons d’en mettre un en place.
Un business plan, ou plan d’affaire est un document qui contiendra les projections d’évolutions de votre projet.
Ce plan est souvent appelé « prévisionnel », ou « budget prévisionnel ».
Il y intégrera
– les évolutions de chiffre d’affaires
– les différentes étapes pour atteindre ces chiffres
– les investissements
– les différentes natures de ces investissements…
Bref, le plan d’affaire présentera tout ce qui sera mis en œuvre pour atteindre les objectifs que vous aurez fixés à long, moyen, ou à court terme.
Dans tous les cas, soyez méthodique et prenez le temps de le faire consciencieusement.
Votre business plan doit montrer de la cohérence et de la faisabilité.
Il doit également venir étayer les éléments que vous aurez mis en relief dans votre étude de marché.
Sa présentation doit être claire, aérée, méthodique, graphique et logique.
Le business plan est une façon de vendre votre projet à vos partenaires, mais vos partenaires n’achèteront pas de belles promesses !
Encore une fois, vous trouverez des organismes pour réaliser ce type de documents si vous ne vous en sentez pas capable.
Les aides à la création d’entreprise
Parallèlement à l’établissement de votre prévisionnel, nous vous conseillons de faire un point sur les aides qui sont accessibles aux porteurs de projets de création d’entreprise.
Si vous êtes demandeur d’emploi, vous pourrez bénéficier de :
– L’ACRE, une Aide pour les Créateurs ou Reprenants d’Entreprises qui accorde une réduction de cotisations sociales en début d’activité.
– L’ACRE ouvre également l’accès au NACRE, Nouvel Accompagnement pour la Création ou la Reprise d’Entreprise, qui vous permettra de bénéficier d’une aide pour le montage de votre projet ainsi qu’un prêt à taux zéro.
Ces dispositifs d’aides sont très utiles pour le démarrage de votre projet, prenez contact avec la DIRECCTE de votre région pour trouver l’organisme d’accompagnement qui pourra vous aider à monter votre projet.
Le local
Le choix du lieu d’implantation est certainement l’élément le plus important de votre projet.
Bien sûr il découle de votre étude de marché et de votre zone de chalandise.
Vous aurez donc déjà mûrement réfléchi à votre implantation avant de choisir un local.
Vous aurez également beaucoup d’informations sur vos besoins concernant le local qui vous permettra d’exercer votre activité.
Les locaux à forte visibilité sont naturellement très prisés par les professionnels.
Ils bénéficient en général d’une zone de chalandise à forte densité et sont par nature bien desservis (bus, métro, routes, voies piétonnes…).
Mais vous ne devez pas vous arrêter là.
Votre local devra être choisi en fonction de votre activité.
Vous devez choisir un local à la taille de votre activité.
Un local trop grand ne vous sera d’aucune utilité, à moins que vous ayez des projets d’évolution.
Dans ce cas, il faudra aussi le prendre en compte dans le choix de votre local.
Un local trop petit sera un handicap pour votre activité.
De plus, vous devrez aussi mettre l’aspect financier dans la balance :
Un local trop cher ne vous permettra pas de vivre correctement.
Renseignez vous aussi sur les charges attenantes au local que vous visitez.
Avant de conclure, posez vous quelques questions :
– Est-il préférable de louer ou d’acheter ?
– Quelles sont les activités concurrentes à proximités ?
– Y a-t-il une zone commerciale à proximité ?
– S’agit-il d’ un fond de commerce ou d’un simple local commercial ?
En effet, vous pourrez louer ou acheter un local commercial pour exploiter l’activité de votre choix.
En ce qui concerne un fond de commerce, vous accéderez en général à l’infrastructure vous permettant d’exercer une activité en particulier (celle qui était exercée auparavant).
Mais le local et le fond de commerce sont deux choses différentes.
Vous pouvez tout à fait acheter un fond de commerce et louer un local commercial, renseignez vous !
Le statut de l’entreprise
Votre projet est maintenant bien avancé mais vous devez encore choisir la forme juridique de l’entreprise que vous allez monter.
SARL, SAS, EURL ou EIRL pour les plus courantes, la forme juridique de votre entreprise ne devra pas se faire au hasard.
Vous choisirez également, en fonction de la forme juridique choisie pour votre commerce, son régime fiscal, soit l’imposition de cette dernière
– IR (impôt sur le revenu)
– IS (impôt sur les sociétés).
De vos choix découleront
– le statut social du chef d’entreprise
– la protection de votre patrimoine
– les solutions financières possibles dans le futur.
Il vous faudra être vigilant et vous appuyer sur votre prévisionnel pour choisir la forme juridique en fonction de l’évolution que vous souhaitez pour votre entreprise.
Nous vous recommandons fortement de vous faire accompagner par un cabinet comptable, au moins pour le choix du statut juridique.
Le cabinet pourra également vous aider à rédiger le projet de statuts de la société, en cas de création, qui doit répertorier toutes les mentions obligatoires prévues par la loi afin d’exercer votre activité légalement.
Les cabinets comptables sont des professionnels qui sont parfaitement au fait de l’actualité et des possibilités d’investissements, des dispositifs d’exonérations divers qui vous permettront d’alléger votre fiscalité afin de dégager un peu de trésorerie au fur et à mesure de l’avancée de votre projet.
Les lois changent et vous ne serez pas forcement toujours au courant des possibilités que vous avez, chacun son métier !
Déposer le nom de l’entreprise
Votre projet est quasiment abouti, vous avez votre étude de marché, votre budget provisionnel et votre statut.
Vous devez maintenant déposer le nom de votre entreprise auprès de l’INPI, l’Institut National de la Propriété Intellectuelle.
L’INPI vérifiera que le nom commercial de votre entreprise est disponible.
Dans le même temps, vous devrez impérativement vous renseigner auprès des organismes auxquels vous êtes affiliés afin d’ effectuer les demandes d’autorisation particulières liées à votre activité.
Immatriculation de la société
L’immatriculation de votre société est une étape obligatoire dans la création d’entreprise.
Cela lui confère une personnalité morale, car votre société est bien une personne morale.
L’immatriculation se fait au RCS, le Registre du Commerce et des Sociétés.
Il sera délivré à la société un extrait de Kbis, attestant de son existence.
Le commerce aura également un numéro de SIREN, qui sera son numéro d’identité.
Vous devrez déposer votre dossier immatriculation au greffe du tribunal de commerce dont dépend votre siège social.
Une fois votre extrait d’immatriculation en poche, vous pouvez commencer à exercer votre activité.
Mais ce n’est pas tout à fait fini :
Il faudra déclarer votre commerce au divers fournisseurs d’énergie, de réseau, d’eau, aux services publics… pour faire tourner la boutique.
Vous devez absolument penser aux assurances, celles de votre local, mais aussi à la votre, ainsi qu’à votre caisse de retraite pour ne pas être pris au dépourvu en cas de problème.
Le plus dur reste à venir
Il vous faudra de la motivation et de la détermination.
Vous devrez montrer à vos partenaires financiers, à vos associés, à votre famille une pugnacité certaine.
Vous devrez aussi bien vous entourer dès le début de la création de votre dossier.
En effet, votre dossier représente la base de toute votre aventure, et il vous faudra des bases solides.
Le montage de votre projet pourra vous paraître long et parfois complexe, mais ce n’est qu’un début dans la grande aventure passionnante que vous êtes en train de dessiner.
Le plus dur, mais aussi le plus passionnant restent à venir !